Carole Frève, artiste du verre contemporain : Le verre en verve
Carole Frève aurait pu être écrivaine et coucher ses histoires sur papier, mais elle s’exprime avec le verre et le cuivre pour nous emmener dans son monde teinté de nostalgie. Des souvenirs réels ou imaginés qu’elle narre en soufflant du verre et en tricotant du cuivre pour toucher nos âmes, avec une poésie qui fait rimer le verre…
Le verre en verve
Créée à la fin de ses études, la première pièce de Carole Frève allait donner le ton à ses créations. Le titre dit tout : Souvenir de mon grand-père (1996). « Le seul souvenir que j’avais de lui, c’était celui d’un vieil homme, se rappelle-t-elle. Pour ma mère, c’était totalement différent. Elle se souvenait d’un jeune homme, d’un travailleur… » La subjectivité des souvenirs est ainsi deve-nue l’une des pierres d’assise du travail de Carole. D’autant plus qu’en discutant de sa propre enfance avec ses parents, elle perçoit un monde de différences. « J’avais certains souvenirs d’une enfance tourmentée, triste et tout ça… De leur côté, ils me disaient que je riais! Ma perception a fait que je mettais l’accent sur certaines choses », poursuit Carole.
L’inspiration de Carole vient donc du passé, des souvenirs. Et beaucoup des mots. « Quand je lis, je souligne des phrases qui me marquent et je découpe des citations que je colle dans mon calepin », affirme-t-elle. C’est sans doute cet amour des mots qui l’amène à raconter des histoires par ses œuvres, et c’est par les titres donnés aux pièces, après mûre réflexion, qu’elle offre les premières pistes de compréhension de la trame narrative. « J’ai besoin de mettre un sens, je crois que c’est plus intéressant dans le résultat, explique l’artiste. Proposer une histoire pousse à en découvrir une et j’ose espérer qu’à la fin, la personne qui regarde l’œuvre comprend ou ressent quelque chose, même si c’est autre chose que ce que j’ai voulu dire. »
Le regard de l’autre est d’ailleurs essentiel pour Carole. « Je ne suis pas capable de travailler sur quelque chose si ça reste dans mon atelier. Il faut que ce soit présenté. » Cette occasion, elle l’a eue assez tôt dans sa carrière, et à grande échelle, puisqu’une galerie lui a proposé de présenter ses pièces aux États-Unis aux prestigieux SOFA (Sculpture Objects and Fonctionnal Art) de Chicago et de New York. C’est à ce moment qu’elle a réalisé qu’elle pourrait gagner sa vie en créant des pièces uniques, plutôt que de fabriquer des objets en série. La bachelière en design industriel s’acceptait alors entièrement en tant qu’artiste et créatrice.
Heureux mariage
Le travail de Carole se démarque par l’heureux mariage qu’elle célèbre entre le verre et le cuivre, une combinaison originale des techniques du verre soufflé, du thermoformage et de l’électroformage de cuivre.
D’une part, le verre soufflé est chauffé de nouveau à plus basse température dans un moule en plâtre pour donner de l’effet, pour texturer le verre et le faire « vieillir ». « Ça permet à la pièce de s’exprimer », confie-t-elle. D’autre part, pour le cuivre, elle applique une peinture de cuivre directement sur le verre ou sur une pièce en cire. Elle trempe ensuite les pièces peintes dans un bain de placage dans lequel, par le procédé de l’électroformage, des ions de cuivre viennent se fixer sur les parties peintes pour les épaissir et les solidifier.
Ces deux techniques se complètent et apportent un équilibre à Carole. « Le verre, c’est un métier. C’est dans le corps. Le cuivre, c’est plus scientifique, il y a des réactions chimiques à comprendre », explique-t-elle.
Dans cette union du corps et de l’esprit, Carole aime travailler les relations humaines. Symboliquement, plusieurs de ses pièces sont doubles, en relation avec l’autre. Par exemple, une pièce en verre aura son « jumeau » en cuivre tricoté. Un tricot fait comme un chandail de laine, avec des broches à tricoter et du fil de cuivre. « C’est ma mère qui m’a appris à tricoter au téléphone… », dit-elle en souriant.
Cette relation, elle l’exprime également avec des chaises vides dans ses œuvres. « Est-ce pour quelqu’un que l’on attend? Pour quelqu’un qui est parti? » La réponse est dans notre histoire à nous, celle que Carole nous aide à écrire avec beaucoup de bonheur. Des histoires qui font de magnifiques souvenirs…
Site Internet
www.carolefreve.com
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